Jean-Philippe Fort - Château de Birazel producteur de vins rouge et blanc Bordeaux Sud Gironde Domaine viticole familial à Saint-Hilaire-de-la-Noaille

Rencontre avec Jean-Philippe Fort , œnologue du cabinet Rolland – 2/2

Comment avez-vous rencontré l’équipe du château de Birazel ?

J’ai rencontré l’ancien propriétaire des vignes, M. Berger, à l’occasion d’un séminaire technique sur la Vinification Intégrale® organisé chez un tonnelier que je conseillais. Avec Jérémy Maury, ils m’ont parlé d’un projet qui n’était alors qu’une ébauche. Ils m’ont rappelé un an plus tard pour que je rencontre le nouveau propriétaire, avant que les installations techniques soient faites.

Ce qui est intéressant dans le projet des Boeckx, c’est qu’ils ont la volonté de réussir et que les vignes sont sur de très beaux terroirs.

Pourquoi le projet de la famille Boeckx vous a-t-il séduit ?

J’ai adhéré au projet parce que j’adore la création. Je fais du conseil de puis 30 ans. En fin de carrière, on maîtrise à peu près tous les aspects techniques et les projets qui démarrent d’une copie blanche — avec de l’innovation, de l’ambition, de la cohérence et des moyens — sont beaucoup plus enthousiasmants intellectuellement.
Ce qui est intéressant dans le projet des Boeckx, c’est qu’ils ont la volonté de réussir et que les vignes sont sur de très beaux terroirs. Et puis, ce qui ne gâche rien, nous avons des atomes crochus. Pour accrocher une clientèle haut de gamme, il faut adopter une approche haut de gamme et ils l’ont bien compris. Mon discours leur a plu et cette première rencontre a débouché sur une proposition de collaboration.

Château de Birazel producteur de vins rouge et blanc Bordeaux Sud Gironde Domaine viticole familial à Saint-Hilaire-de-la-Noaille

La philosophie de Michel Rolland en quatre citations

  • Le terrain réveille, bouscule, éclaire; on se doit d’en exploiter les promesses. L’embardée dans l’imprévu combat les implacables certitudes.
  • Le plus dur ce n’est pas d’appliquer des techniques ou des recettes, mais de faire évoluer les habitudes. Il faut être performant à la vigne pour comprendre son cycle, le respecter et moins intervenir, moins traiter.
  • On a toujours de meilleurs vins avec des beaux raisins qu’avec de bons œnologues.
  • Ce qui est au fond d’un verre doit s’appeler l’émotion.

Quelles sont les caractéristiques du nouveau chai qui vous semblent particulièrement cruciales et précieuses ?

Barriques neuves en béton, cuves diamant et bois pour le second vin, amphores : l’idée est de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Les cépages bordelais exigent une maturation en barrique, notamment pour un bon polissage des tanins. Notre désir commun est de combiner les ingrédients pour recréer la complexité des vins, une multiplicité de goûts et de styles. C’est un processus rigoureux, qui exige une phase de consolidation, à l’issue de laquelle les choix techniques viticoles sont validés. Il est capital que les équipes adhèrent au projet pour que le travail collectif soit efficace. Je suis là pour guider, proposer des idées novatrices et des solutions modernes, et mettre à leur service ma palette clientèle internationale.

Jean-Philippe Fort - Château de Birazel producteur de vins rouge et blanc Bordeaux Sud Gironde Domaine viticole familial à Saint-Hilaire-de-la-Noaille

Comment s’annoncent les premiers vins du Château de Birazel ?

Les résultats positifs vont tomber très vite. M. Boeckx applique les méthodes employées pour les grands crus classés, que j’ai préconisées, notamment dans les phases d’élevage et d’assemblage. Pour le vin blanc, le Château dépend encore d’autres viticulteurs. La famille a pour projet de planter du raisin blanc afin de mieux maîtriser les aspects techniques, mais c’est encore à l’état embryonnaire. Le premier blanc produit au Château, baptisé Romane, sera présenté le mois prochain. Quant au premier rouge issu des vignes propres de Birazel, il sortira cet été.
La réflexion sur la replantation concerne aussi le rouge. Il faut compenser le Merlot avec d’autres cépages dits « exotiques » pour ne pas avoir des vins trop lourds, trop alcoolisés, et nous adapter aux nouvelles conditions climatiques. Le mono-cépage est aujourd’hui extrêmement rare. Les vins de Bordeaux ont longtemps été mis dans des cases très strictes, mais le paysage est plus complexe et bigarré.
C’est très agréable et valorisant de dire aux clients : « Voilà comment faire pour avoir de grands vins », puis de les voir contents de leur bébé. Ces moments-là génèrent une jubilation intérieure dont je ne me lasse pas.

Entretien réalisé par Alice Pétillot

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